L’Agneau de la Pâque

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À l’approche de la fête de la Pâque, certains mots viennent immédiatement à l’esprit.

Purification, matzoh et famille en sont trois exemples. La purification commence par le fait de débarrasser la maison de tous les produits à base de pain et tous les aliments contenant du levain et elle se termine généralement par un nettoyage de fonds en combles des lieux. Le matzoh est cette galette plate et craquante, à rainures brunes, fabriquée sans levain (« pain azyme ») et qui prend rapidement un goût de carton au cours des huit jours que dure cette observance. Quant à la famille, et bien, rien ne vaut ce rassemblement autour de la table du seder pour rire et manger avec ceux que l’on aime.

Ensuite vient le mot agneau, l’élément central de l’histoire de la Pâque. La fête, qui commence au coucher du soleil, commémore l’exode, il y a plus de 3000 ans, des Israélites vivant en Égypte. Et bien que l’agneau soit l’élément unique le plus important de l’observance biblique, il brille toujours par son absence.

En absence de Temple et de prêtrise judaïque, il n’y a plus de sacrifices pascals. Au lieu de cela, un os nu de jarret d’agneau est présent parmi d’autres éléments sur le plateau du seder en souvenir de l’agneau de la Pâque.

Cependant, tous les Juifs d’aujourd’hui ne se satisfont pas d’une Pâque sans agneau. Plusieurs groupes religieux essaient régulièrement d’apporter un agneau sur le Mont du Temple pour l’offrir en sacrifice et se heurtent à chaque fois à la police israélienne. Il y a plusieurs années, ces groupes, dont l’un était le Conseil du Nouveau Sanhédrin, ont adressé une requête aux tribunaux israéliens leur demandant le droit de les laisser pratiquer le commandement biblique du sacrifice. En février 2007, la cour a rendu son jugement : « Les droits des requérants de pratiquer leur foi doivent s’effacer devant d’autres considérations telles que la sécurité et l’ordre publics. »1 Par conséquent, la possibilité d’offrir des agneaux en sacrifice est reléguée au passé ancien, au moins actuellement.

Néanmoins, les Écritures hébraïques affirment que Dieu a besoin d’un agneau. Il avait ordonné que chaque maison juive en prenne un lors de cette première et unique Pâque (Exode 12.3). Il devait s’agir d’un jeune animal, mâle, sans tache qui serait tué, rôti et mangé. Son sang devait être appliqué sur les montants et le linteau de la porte des maisons israélites afin qu’elles soient protégées de la dixième et dernière plaie que Dieu allait envoyer pour forcer Pharaon à laisser le peuple de Dieu partir.

Cette nuit-là, Dieu passa à travers l’Égypte et fit mourir le premier-né mâle de toute maison dont le cadre de la porte n’était pas maculé de sang. Chaque fois qu’il vit le sang, Il passa sur cette maison et en épargna le fils aîné (v.3, 5, 7, 12, 13 et 23).

Le terme hébreu pesach signifie « passer au-dessus de ». Comme pour les neuf plaies précédentes, la dixième démontra clairement que le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob était plus grand que les fausses divinités égyptiennes. Les « grands cris » que l’on entendit en Égypte clamèrent la futilité de placer un quelconque espoir dans ces dieux-là (v. 30). En fait, l’étendue des effets de la dernière plaie fut telle qu’il « n’y avait point de maison où il n’y ait un mort » (v.30).

Lors de cette Pâque, Dieu sauva et racheta vraiment les Israélites, exactement comme Il l’avait promis (6.6). Chaque année depuis, les Juifs commémorent l’histoire de leur rachat et la façon dont Dieu a utilisé le sang d’un agneau pour les sauver.

Le lien avec le christianisme

Le christianisme est inextricablement lié à l’agneau de la Pâque. Les évangiles du Nouveau Testament accordent une attention particulière aux détails du seder de la dernière Pâque qu’a célébrée Jésus parce qu’elle était importante pour Lui. Jésus dit : J’ai désiré ardemment manger cette Pâque avec vous, avant de souffrir (Luc 22.15). Il voulait achever sa mission afin de pouvoir aller vers Son Père (Jean 13.1). En fait, Jésus utilisa les éléments familiers de son service de seder pour enseigner et établir quelque chose de différent pour Ses disciples.

Alors qu’ils mangeaient l’agneau, le symbole de rédemption nationale du Judaïsme, Jésus attira doucement mais cependant clairement l’attention des disciples sur un autre Agneau qui verserait Son sang pour le monde entier.

Saisissant le pain sans levain (matzoh), Il leur dit : Ceci est Mon corps qui est donné pour vous (Luc 22.19). Le levain, disent les rabbins, représente l’inclinaison au mal du cœur humain. De la même façon qu’il n’y a pas de levain dans le matzoh, il n’y avait pas de levain (péché) en Jésus. A l’instar de l’agneau pascal, Il était sans tache.

Prenant la coupe après le souper, Il dit : Cette coupe est la nouvelle alliance en Mon sang, qui est répandu pour vous (v.20). Cette troisième coupe de vin dans le seder de la Pâque correspond à la promesse d’Exode 6.6 : Je vous libérerai à bras étendu.

Une fois leur repas terminé et avant de se rendre au Mont des Oliviers, Jésus et Ses disciples chantèrent un cantique (Matthieu 26.30). Il s’agit probablement du Psaume 118, qui provient des hymnes du Hallel que l’on chante encore aujourd’hui en célébrant la Pâque. Les versets 22 à 24 de ce psaume disent : La pierre qu’ont rejetée ceux qui bâtissaient est devenue la principale de l’angle. C’est de l’Eternel que cela est venu et c’est un prodige à nos yeux. C’est ici la journée que l’Eternel a faite : qu’elle soit pour nous un sujet d’allégresse et de joie!

Jésus mit à profit Sa dernière Pâque pour amener Ses disciples à comprendre qu’Il était l’Agneau mis à mort, dont le sang apporte la rédemption spirituelle (cf. Lévitique 17.11). Lorsque les chrétiens prennent la Cène, ils contemplent Jésus comme l’ultime Agneau pascal.

La façon de voir des Juifs est différente. Le rabbin Tovia Singer de l’organisation Outreach Judaism déclare : « La Torah n’affirme ni même ne laisse entendre nulle part que le mouton ou la chèvre expie le péché. La notion selon laquelle l’agneau pascal est une représentation d’un sauveur crucifié ou d’une expiation pour le péché est aussi étrangère aux enseignements de la Torah que ne l’est celle de Noël. »2

Ce qu’écrit Singer est honnête et juste en ce qui concerne la Torah (le Pentateuque) et l’agneau pascal. L’Exode ne dit nulle part que l’agneau pascal expierait le péché, pas plus qu’il ne mentionne l’agneau comme faisant référence au Messie promis ou à l’Oint de Dieu. Mais d’autres passages des Écritures juives parlent de Lui.

Ésaïe 53 décrit le Messie comme un homme de douleur […] frappé par Dieu et humilié (v.3-4). Le verset 5 dit : Il était blessé pour nos péchés, meurtri pour nos iniquités. Le verset 7 dit qu’Il a été conduit comme un agneau qu’on amène à la boucherie.

D’autres Israélites ont confirmé la prophétie d’Ésaïe. Jean le Baptiseur, un Lévite, reconnut en Jésus « l’Agneau de Dieu » (Jean 1.29). L’apôtre Paul, un Benjamite et à l’origine un opposant zélé à Jésus, déclara plus tard : Faites disparaître le vieux levain, afin que vous soyez une pâte nouvelle, puisque vous êtes sans levain, car Christ [NDLR : terme grec pour « Messie »], notre Pâque, a été immolé. Célébrons donc la fête, non avec du vieux levain, non avec un levain de malice et de méchanceté, mais avec les pains sans levain de la pureté et de la vérité (I Cor. 5.7-8).

L’apôtre Pierre, un pêcheur juif, déclara aux lecteurs de son épître : Ce n’est pas par des choses périssables, par de l’argent ou de l’or, que vous avez été rachetés de la vaine manière de vivre […] mais par le sang précieux de Christ, comme d’un agneau sans défaut et sans tache (I Pierre 1.18-19).

L’afikomen

Aujourd’hui, lorsque les Juifs se réunissent autour de la table du seder, une scène fascinante se déroule. Trois matzohs sont placés dans un sac. Celle du milieu est retirée, rompue, enveloppée dans un linge blanc et cachée. Ce morceau s’appelle l’afikomen.

Plus tard, les enfants partent à la recherche de l’afikomen. Celui d’entre eux qui le trouve reçoit une récompense puis chacun des convives en mange un bout. Selon certains enseignements juifs, l’afikomen sert à rappeler l’offrande de l’agneau pascal. Ce morceau de matzoh que l’on a brisé porte un nom d’origine grecque, le seul de tout le vocabulaire du seder. Ce mot signifie « Il est venu ».

Lorsque le prophète Ésaïe vit le Seigneur siégeant sur un trône, il fut le seul parmi ses contemporains à comprendre ce qu’il avait vu. Il se porta volontaire pour aller leur parler, malgré leur cœur insensible, leurs oreilles bouchées et leurs yeux fermés (Ésaïe 6.10). La voix du Seigneur Lui-même dit à Ésaïe que son peuple continuerait d’entendre mais ne comprendrait point, continuerait de voir mais ne saisirait point.

De nos jours, pour la majorité des Israélites, la Pâque est une fête sans agneau. Cependant, pour ceux qui ont des yeux pour voir, des oreilles pour entendre et des cœurs pour comprendre, Yeshoua, notre Agneau pascal, a été mis à mort pour nous.

NOTES

1 Nadav Shargai et Amiram Barkat, “Court prevents groups from sacrificing live animals at Temple Mount”, 4 février 2007, <haaretz.com/hasen/spages/844963.html>.

2 Rabbin Tovia Singer, “Did the Passover Lamb Foreshadow Jesus ?”, <outreachjudaism.org/passoverlamb.html>

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